Aveyron - France

Aveyron - Argentine

Argentine

Témoignages

L’émouvant retour aux sources de trois Argentins en Aveyron, à Saint Côme d’Olt et Camjac

Trois Argentins en Aveyron

Carlos Luis Issaly dit Lolo, José Luis Gil accompagné de son épouse Alicia, sont venus d’Argentine pour visiter les terres françaises de leur famille, tous trois profondément convaincus que, pour tout être humain, la connaissance du passé ne peut qu’enrichir le présent et ouvrir la curiosité sur le futur.

Nos trois amis argentins, le cœur chargé d’émotion, ont humé l’air de Saint Geniez d’Olt et de Pomayrols, villages d’origine de Jeannette Didier respectivement leur mère et grand-mère. Et quelle joie d’y retrouver la maison natale ! Puis, avec une égale sensibilité, ils sont venus fouler les pas de Jules Charles Casimir Issaly respectivement leur père et grand père au Fraysse de Camjac. Et quel bonheur de voir là aussi la maison natale que les propriétaires actuels, Solange et Bernard Lantoine, ont eu l’immense gentillesse de faire visiter.

Mais le plus touchant restait à venir, ils ont eu l’émotion de rencontrer des membres de leur famille, les Issaly installés maintenant à Villefranche de Rouergue et les Reynès à Camjac et Rodez. Le doyen de la commune, Elie Reynès a fièrement montré les magnifiques photos que ses cousins d’Amérique rapportaient lors de visites en France. L’une d’entre elles, prise à Pigüé, montre toute la fratrie Issaly et l’autre expose une incroyable file de sacs de blé, hautement symbolique de leur réussite sociale là bas.

Que de souvenirs familiaux évoqués par nos amis argentins ! Dans la lointaine Pampa, chaque 14 juillet, Jeannette agrafait à sa robe une broche de porcelaine avec le coq français alors que Jules son mari plantait le drapeau français devant la porte ! Ils parlaient entre eux le « patois », savaient danser la bourrée et cuisinaient toujours les fritons ! Trois petits enfants de Carlos Luis parlent le français, voilà encore un autre témoignage de leur attachement à la France.

Carlos Luis âgé de 78 ans a savouré chaque instant, mêlant poignantes retrouvailles familiales, tourisme et curiosité professionnelle en posant beaucoup de questions sur l’agriculture en Aveyron, lui-même étant agriculteur à Saavedra.

Alicia nous a tous charmés par sa sensibilité, son sourire invitant à d’intéressantes conversations et sa curiosité intellectuelle toujours en éveil.

Et que dire de « notre » José Luis, lui qui a initié les recherches ? Il est la représentation même de l’Homme Franco-Argentin avec en lui cette double culture qu’il a su magnifier par son intelligence. Les émotions reçues comme les vagues de l’Océan vont peu à peu se poser et se charger en d’affectueux souvenirs. Son intérêt pour le riche patrimoine culturel de la France nous laisse deviner un égal intérêt pour celui de sa belle patrie l’Argentine. La langue française qu’il pratique avec gourmandise facilite de cordiaux échanges.

Eliane Albouy et Nadine Costes pour l’association Rouergue Pigüé


A son retour à Buenos-Aires, José Luis témoigne dans le journal LA NATION du 2 mai 2010

EMOUVANTE SURPRISE EN AVEYRON

Cela fait des années que l’histoire de Pigüé m’intéresse, ville du sud de la Province de Buenos Aires, fondée en 1884 par un groupe d’immigrants français du département de l’Aveyron, sous la houlette de Clément Cabanettes. Dans ce contingent de courageuses familles se trouvait mon grand-père, enfant à l’époque.

Cet intérêt et la magie d’Internet me mirent en contact avec deux familles françaises intéressées par ce thème, lesquelles familles m’aidèrent en me donnant des informations pour concevoir le programme de ce voyage sur les terres de mes ancêtres.

En compagnie de mon épouse, Alicia, et d’un oncle Julio Carlos de surnom Lolo, nous partîmes en juillet de l’an dernier. En entrant en France par Paris, nous avons continué par le Val de Loire, Toulouse et Lourdes, jusqu’à ce que finalement nous pénétrions en plein en Aveyron, département appartenant à la région Midi-Pyrénées.

Nous avons commencé par Saint Geniez d’Olt, ville natale de ma grand-mère maternelle et mère de Lolo, une délicieuse structure urbaine, typique de la région, agricole et médiévale, sur la rivière le Lot, là nous avons visité la maison où ma grand-mère, et mère de Lolo, est née et l’église où elle fut baptisée.

Depuis ce village, avec l’aide de Nadine et Louis, une des familles citées, nous avons parcouru la région Aubrac avec ses caractéristiques et traditions, nous avons découvert l’Aligot, aliment typique à base de pommes de terre et de fromage fondu, les couteaux de Laguiole et de nombreux beaux villages où se respire encore l’esprit médiéval.

Après ces trois jours exquis, nous sommes arrivés à Layssac, un peu plus au sud, dans le cœur de l’Aveyron. Là, Eliane et Robert nous attendaient, la deuxième des familles citées, ils nous firent connaître cette partie de mon terroir ancestral, mais fondamentalement ils nous ont mis en contact avec nos racines. A Camjac, village à côté, est né mon grand-père Jules Charles Casimir. Sa maison natale existe encore, et les propriétaires nous ont reçu et nous accueillirent comme des rois, d’une façon que jamais nous n’aurions pu imaginer.

Fruit d’une habile manœuvre d’Eliane et Robert, ces derniers nous amenèrent un jour à la Mairie de Camjac sous le prétexte de nous montrer les actes de naissance des grands-parents. Quand nous sommes arrivés, une quarantaine de personnes nous attendait, des fils et petits fils de lointains parents. Le Maire nous a reçu, il y eut des discours et des évocations de cette épopée du 19ème siècle, et bien sûr, la consultation des actes sur les livres originaux d’état civil comme cela était promis. Ce fut une surprise majuscule. De toute manière, nous avons survécu au choc et avec un français diminué par l’émotion, je suis arrivé à remercier de tant d’affection prodiguée. Pour finir, on nous a offert un vin d’honneur avec des gâteaux régionaux, … accolades et nouveaux remerciements.

L’immense amour de ce village pour l’Argentine nous a émus, village où, à cause de la misère, beaucoup de familles se virent obligées de chercher de nouveaux horizons. Jamais leurs cœurs ne se séparèrent de leurs compatriotes émigrants et aujourd’hui les Argentins de Pigüé sont considérés aveyronnais dans l’esprit des habitants. Cette affection nous a accompagnée durant le séjour et se poursuit par le biais de contact que nous maintenons.